-« Il existe deux sortes d’aventuriers. Y’a les ceusses qui lisent les bon conseils de Tonton Archimède, et qui arrivent parfois à l’âge de la retraite, et puis il y a les autres…
Parce que l’aventurier, il a aussi ses plaies : la rencontre aléatoire, la remarque déplacée, le mauvais couloir, l’alcool frelaté, sans parler des maladies vénériennes… Alors voilà, pour pas laisser les bouffeurs de Gob’ en roue libre, moi Archimède, j’ai décidé de vous faire profiter de mon expérience. Et tiens-toi bien gamin, pour pas un rond ! Une sorte de sacerdoce, quoi…
Alors voilà comment que ça se présente. D’abord, y’a l’avis de l’autochtone, le bouseux, bref le gars du cru. Et puis après j’y vais de mon petit commentaire, et tu sais pourquoi ? Parce qu’il faut jamais laisser le dernier mot au péquenaud, à cause de l’exagération. Le péquenaud, il est chauvin, sinon y serait pas péquenaud, forcément. C’est du genre à vous faire passer un lézard pour dragon, ce qu’est pas gênant en soit, ou au contraire un dragon pour un lézard, ce qu’est quand même plus emmerdant, surtout en début de carrière.
Alors vas-y, collègue, lis, profite, tu me remercieras plus tard. » 

Archimède le Teigneux. (AlT pour les intimes)

 

 

EL JAALA KHAN
"la cité mouvante"

Située dans les steppes nomades, entre le Moyen-Orient et l’Asie. EJK n’existe physiquement que deux mois par ans, lorsque les nomades des quatre coins des steppes se réunissent pour créer une concentration inouïe de yourtes et de tentes, à laquelle se joignent des marchands venus des quatre horizons, y compris de la lointaine Chine. L’organisation est trans-tribale. La cité « vit » aussi le reste de l’année, bien qu’elle n’existe pas physiquement, puisqu’elle disparaît aux premiers vents d’ouest, quand tous les nomades replient bagages. 

Histoire

Les tribus nomades ont toujours possédé et possèdent encore plusieurs rassemblements, des moments où l’on se retrouve pour commercer, échanger des nouvelles, et organiser des festivités. C’est au cours de l’un d’eux que s’est manifesté, il y a maintenant plusieurs centaines d’années, le roi-prophète qui put unifier les tribus et bâtir un immense empire. Ce dernier se disloqua à sa mort et les populations des steppes revinrent au tribalisme. Le roi-prophète gouvernait avec la Horde d’or (une tribu mythique qu’il avait soi-disant reconstituée en retrouvant ses héritiers à travers toutes les tribus). A la chute de l’empire, les membres de la Horde d’or retournèrent dans leur tribu respective. Leurs héritiers poursuivent leur œuvre qui consiste à maintenir EJK vivante. La cité demeure aujourd’hui le plus grand rassemblement de la grande steppe. Les membres de la Horde d’or en forment l’administration, même si le reste de l’année ils se conforment aux ordres du chef de tribu (EJK est une organisation parallèle). La cité se disperse aux premiers vents d’ouest, qui indiquent l’arrivée de l’automne, mais on peut encore commercer avec elle (ou même s’y réfugier) via les membres de la Horde d’or. Ces derniers demeurent en contact physique lorsqu’ils se retrouvent au hasard des pistes, ou en contact psychique grâce à l’esprit de Jaala. 

Administration et organisation

Les membres de la Horde d’or (ou Jalkahna) ont un double statut. Le premier est un statut tribal tout à fait classique : pour tout ce qui relève de leur vie au sein de la tribu, ils dépendent du chef (mariage, têtes de bétail, choix des pâtures, etc.) En revanche, ils ne dépendent plus de la tribu lorsqu’ils s’occupent des affaires de EJK. Dans ce cadre-là, ils peuvent même donner des ordres au chef de leur propre tribu (bien qu’ils évitent de le faire directement pour éviter de lui faire perdre la face, l’existence d’EJK renforce les tribus et il n’y a aucun conflit). La Horde d’or possède plusieurs clans : le clan de l’aigle (impôts, taxes, finances, dettes), le clan du loup (maintient de l’ordre, protection, justice), et le clan du cheval (religion, organisation, archives orales, dates de début et de fin de rassemblement).

Deux choses importantes sont à noter :

Premièrement, EJK ne possède pas de monnaie. Les particuliers s’achètent et se vendent leurs produits avec celle qu’ils désirent ou sur la base du troc. Mais toute transaction avec la cité (notamment l’impôt) est basée sur un système de dettes qui s’entrecroisent. Par exemple, X doit à Y deux juments et un ballot de fourrure de loup, mais Y doit à EJK 10% de la vente de quatre chamelles (soit un ballot de fourrure de loup, d’après le clan de l’aigle). Le clan de l’aigle décidera donc que Y ne lui doit plus rien, mais que c’est à elle que X doit donner ses fourrures (à moins que la dette ne rebondisse plus loin). Seul le clan de l’aigle possède les mathématiciens et les archivistes aptes à dénouer de tels nœuds financiers. Cette monnaie fictive porte un nom : Gaïtuki-mé, ou l’or de la lune. Notons que la valeur de cet or est reconnu par les autres cités-libres ainsi que par plusieurs royaumes voisins des steppes. Les richesses de EJK sont donc intangibles, ce qui convient très bien à une cité nomade. Il ne viendrait à personne l’idée de nier une dette en or de la lune. Et lorsque cela arrive, le clan de l’aigle fait appel à ses guerriers chamans, de très efficaces agents de recouvrement.

Deuxièmement, la Horde d’or n’utilise pas l’écrit. Toute son histoire, celle de EJK, de ses citoyens, etc. est retenue par cœur grâce à des moyens mnémotechniques (et mnémomystiques) tenus secrets.

Les dirigeants de la cité sont les trois chefs des clans de l’aigle, du cheval et du loup. Leur identité est elle aussi tenue secrète. 

Géographie

La cité s’installe toujours au même endroit, en un lieu appelé Pierre du prophète. Cette dernière est un monolithe à forme vaguement humaine. Il s’agirait ni plus ni moins du corps de Jaala statufié lors de son ultime combat (contre le roi des dragons, lui aussi disparu depuis). Selon les croyances de la Horde d’or, l’esprit de Jaala vit encore dans la pierre et guide la Horde. Cette dernière s’installe autour de la pierre, puis viennent les tentes des autres tribus, réparties par peuple (peuple du renne qui fait le lien avec Nagerev, peuple du levant, peuple du chameau, peuple du cheval…). Le dernier cercle est celui des commerçants « hors peuple », ceux qui viennent d’au-delà les steppes. Une rivière coupe la cité en deux, on peut la traverser à gué côté Nord, ou sur le pont flottant que les marchands fluviaux installent avec leurs barges, côté Sud. 

Evénements

L’existence éphémère de la cité est émaillée d’une série de fêtes de trois jours. La première marque l’installation des peuples (les hors peuples ne sont autorisés à s’installer qu’après cette fête). C’est une période de réjouissances, de retrouvailles, d’accords commerciaux ou familiaux, et aussi de prières adressées aux esprits de la steppe (chaque peuple prie selon ses rites - et aussi ceux des voisins) et à Jaala, considéré comme l’esprit des esprits.

Puis viennent les fêtes de chaque peuple, qui sont aussi l’occasion d’exploits sportifs le jour (courses de chevaux, de rennes, de chameaux, lutte, tir à l’arc…) et d’exploits lyriques aux veillées avec des conteurs et des poètes parfois drôles, parfois tragiques, parfois effrayants.

Enfin, aux premiers vents d’Ouest, les hors peuples sont priés de faire leurs bagages et ceux de la steppe célèbrent la mort provisoire de EJK.